La prison de Nivelles a été le théâtre d’une action syndicale menée par la CGSP et la CSC. Les représentants du personnel y ont dénoncé une situation qu’ils jugent devenue intenable, tant pour les agents pénitentiaires que pour les détenus.
Une mobilisation pour “marquer le coup”
Les syndicats ont choisi cette journée d’action interprofessionnelle pour rappeler que les établissements pénitentiaires font pleinement partie des services publics sous-financés. À Nivelles, ils entendent "faire comprendre aux gens" que la prison fonctionne avec des moyens humains et financiers qu’ils estiment largement insuffisants. Selon eux, cela fait des années que l’on demande au personnel d’être patient, mais les promesses d’amélioration ne se concrétisent pas et la situation ne cesse de se dégrader.
Surpopulation et manque de personnel
Au cœur de la colère, la surpopulation carcérale et le sous-effectif chronique. La prison de Nivelles a une capacité d’environ 192 places, mais elle accueille actuellement près de 293 détenus, soit une centaine de personnes en trop. Concrètement, une quarantaine de détenus dorment à même le sol sur des matelas, faute de lits disponibles. Les syndicats parlent d’une prison "sans limite", où l’on ne sait plus où installer les nouveaux arrivants.
Des conditions indignes pour les détenus
Cette surpopulation se traduit par des conditions de détention qualifiées d’indignes par le personnel. Des cellules d’environ neuf mètres carrés accueillent parfois trois personnes. Les surveillants expliquent qu’ils ne peuvent plus organiser les cellules en fonction des besoins ou des profils : fumeurs et non-fumeurs, religions différentes, personnalités incompatibles sont désormais mélangés faute de place. La logique est devenue purement gestionnaire : on place les détenus "là où il reste un espace", quitte à accroître les tensions et les risques de conflits.
Des travailleurs sous pression permanente
Les agents pénitentiaires décrivent une charge de travail écrasante. Ils estiment "manquer d’humains pour gérer l’humain" et rappellent qu’ils travaillent avant tout avec des personnes, souvent fragiles ou en grande détresse. Les assistantes sociales, le greffe ou encore la comptabilité seraient eux aussi débordés, au point que certains parlent d’une situation "plus possible" à gérer. Beaucoup ont le sentiment que le sous-investissement dure “depuis des dizaines d’années” et que, depuis les grandes grèves de 2016, rien n’a véritablement changé.
Le service public comme garant de la dignité
Au-delà du seul cas de Nivelles, les syndicats dénoncent un désinvestissement plus global dans la justice et les services publics. Ils rappellent que le service public s’adresse d’abord aux personnes qui ont peu de moyens et qu’il est censé garantir un minimum de dignité humaine, y compris en prison. Pour eux, ce qui se joue derrière les murs des établissements pénitentiaires touche directement à la démocratie. Par cette action, ils veulent être entendus, considérés et obtenir une prise de conscience politique sur l’urgence de la situation.
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