Le secteur des crèches privées est à bout de souffle. Dans le Brabant wallon, la Province vient d’augmenter le plafond des tarifs mensuels pour les structures non subventionnées. Une décision jugée vitale pour leur survie.
Elles accueillent les tout-petits dans l’ombre, avec des moyens limités et un engagement sans faille. Les crèches privées, aussi appelées non subventionnées, traversent une crise silencieuse en Fédération Wallonie-Bruxelles. Faute de subsides structurels suffisants, beaucoup sont au bord de la fermeture.
Dans le Brabant wallon, l’accès aux aides provinciales était jusqu’ici conditionné à un tarif mensuel maximum de 718 euros par enfant. Un plafond jugé intenable par nombre de gestionnaires, alors que les coûts ne cessent d’augmenter.
Un plafond revu à la hausse
Face à l’urgence, la Province a décidé d’agir. Elle vient de relever ce plafond à 900 euros par mois, en s’alignant sur le barème de l'ONE, utilisé comme référence officielle. Concrètement, ce sont 180 euros de plus par enfant que les crèches pourront désormais demander aux parents sans perdre le soutien de la Province.
"On s’est rendu compte qu’on mettait des conditions trop strictes, qui ne correspondaient plus à la réalité économique", explique Benjamin Goes, député provincial en charge de la petite enfance. "Ce nouveau plafond ne veut pas dire que toutes les crèches vont augmenter leurs tarifs, mais il leur donne la liberté de s’adapter."
Des structures en grande difficulté
Pour beaucoup, cette bouffée d’oxygène arrive in extremis. À Nivelles, Laurye, responsable de la crèche Baby Love, a dû se séparer de trois collaboratrices, faute de moyens, alors qu’elle avait choisi de renforcer son équipe pour garantir un meilleur suivi des enfants.
"Les salaires ont été indexés trois fois en un an, les loyers ont augmenté, mais nos tarifs sont restés figés", témoigne-t-elle avec émotion. "La qualité a toujours été ma priorité, mais quand on est obligé de se séparer d’une équipe qu’on aime parce qu’on n’a plus les moyens… c’est dur."
Un problème structurel dénoncé
L’ASBL Impactoo tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois. Selon son co-fondateur Philippe Van Ophem, la majorité des crèches non subventionnées sont en réalité en faillite virtuelle.
"Elles fonctionnent avec 10 000 euros par place et par an, alors que le coût réel tourne autour de 14 500. À titre de comparaison, une crèche communale dispose en moyenne de 23 200 euros par place."
Pour combler ce delta, certaines directrices renoncent à leur propre salaire ou assument plusieurs fonctions à la fois : cuisine, nettoyage, gestion administrative... Des mécanismes de résilience à bout de souffle.
Un enjeu crucial pour 1 900 places
Ce nouveau plafond vise actuellement 268 places déjà subventionnées, mais il pourrait bénéficier à près de 1 900 enfants dans l’ensemble du Brabant wallon. La politique provinciale de la petite enfance, lancée en 2014, a déjà permis la création ou le soutien de plus de 14 000 places pour un budget d’un million d’euros par an, ajustable selon les besoins.
Un avenir encore incertain
Pour Laurye, ce geste est salvateur : "Grâce à ça, on ne va pas devoir mettre la clé sous la porte. J’ai vraiment cru que c’était la fin."
Une hausse de tarif pour les familles, certes, mais un coût devenu essentiel pour la survie des crèches privées.
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