À Rixensart, le collectif citoyen RixRefugees a mis en place une solution d'accueil semi-autonome pour dix migrants. Le subside dont il bénéficiait de la part de la Région Wallonne risque de disparaître au 1er janvier 2026.
Arrivé en Belgique début octobre, Mekonnen introduit une demande de protection internationale et aurait dû, en principe, obtenir immédiatement une place dans un centre d’accueil de l’État fédéral. En pratique, il ne reçoit aucune place et se retrouve sans abri, conséquence directe du défaut d’accueil que connaissent aujourd’hui des milliers de demandeurs d’asile en Belgique. Sans solution, Mekonnen prend contact avec le collectif citoyen RixRefugees, actif à Rixensart. Les bénévoles décident de l’héberger chez eux, le temps qu’une place se libère dans le réseau officiel. Deux mois plus tard seulement, il obtient une place dans un centre de pré‑accueil, première étape avant, espère le collectif, un transfert vers un centre fédéral pour la durée de sa procédure.
Dix demandeurs d’asile hébergés dans un local scout
Le cas de Mekonnen est loin d’être isolé. Aujourd’hui, dix hommes demandeurs d’asile sont hébergés par le collectif RixRefugees dans des locaux scouts mis à disposition par la commune de Rixensart depuis 2019. La semaine, le lieu sert d’hébergement, le week‑end il est restitué à l’unité scoute, qui continue d’y organiser ses activités. La commune prend en charge le bâtiment et les charges énergétiques, eau et électricité, offrant ainsi une base matérielle indispensable. Mais pour les six bénévoles, cette aide ne suffit pas à assurer, au quotidien, nourriture, chauffage, frais de déplacement et soins de santé pour les personnes accueillies.
Un dispositif citoyen dépendant de la Région wallonne
Pour équilibrer ce budget, RixRefugees reçoit un soutien financier de la Région wallonne, via la plateforme citoyenne BelRefugees. Cette enveloppe régionale permet d'aider à couvrir les dépenses courantes d’une vingtaine de dispositifs similaires en Wallonie. Or, cette bouée de sauvetage est menacée. La Région wallonne a informé la plateforme qu’à partir de 2026, elle ne financera plus ces initiatives citoyennes. Pour RixRefugees, cela signifierait, très concrètement, l’impossibilité de continuer à héberger, nourrir et soigner les demandeurs d’asile qui se présentent et n’ont nulle part où aller.
« Ici ou la rue » : une alternative dramatique
Faute de place dans le réseau fédéral, les personnes accueillies par le collectif n’ont, selon les bénévoles, qu’une seule alternative : rester dans le local de Rixensart ou retourner à la rue. Cela signifie dormir sous des ponts, sur des bancs ou dans des entrées d’immeubles, sans accès aux solutions d’hébergement qui devraient, en théorie, être proposées par l’État. Les bénévoles craignent une hausse du sans‑abrisme, de la mendicité et des problèmes de santé parmi ces personnes, avec un impact en chaîne sur les CPAS déjà sous pression et, plus largement, sur l’ensemble des citoyens. Ils rappellent que ces demandeurs d’asile n’ont pas le droit, dans la situation actuelle, d’accéder à un centre fédéral et se retrouvent ainsi dans un angle mort institutionnel.
Un appel à la Région wallonne
La décision de couper les financements est justifiée, côté régional, par l’absence de compétence directe en matière d’asile. Les bénévoles de RixRefugees contestent cette lecture : selon eux, ce qu’ils font, ce n’est pas gérer la politique d’asile, mais lutter contre le sans‑abrisme, qui relève bien des compétences régionales. Ils affirment rendre un service bénévole au cœur de cette lutte contre le sans‑abrisme, en mettant à l’abri des personnes qui, sinon, dormiraient dehors. Ils soulignent aussi la dimension sanitaire : suivi médical, prévention des troubles liés à la vie à la rue, accompagnement psychologique. Le collectif demande dès lors explicitement à la Région wallonne de revoir sa décision et de maintenir, au‑delà de 2025, le soutien aux dispositifs citoyens qui prennent le relais d’un système fédéral d’accueil aujourd’hui saturé.
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