Tout a commencé avec une première attraction... un téléski-nautique. Une idée folle d'Eddy Meeùs, un homme d'affaires revenu du Zaïre. Voici son histoire et surtout celle du parc...
"Je me souviens que la veille de l'ouverture du parc, j'étais là jusqu'à pas d'heure pour arranger les plantations..."
Un souvenir comme tant d'autres d'Eddy Meeùs, l'homme qui se cache derrière le kangourou, l'homme qui a créé le parc Walibi. Un homme débordant d'idées, un ingénieur qui travaillait sans relâche comme un poète pour amuser les autres. C'est son fils Thierry qui nous en parle le mieux : "Mon père a toujours eu cette fibre de risquer, de trouver un autre chemin pour mener à bien ses affaires. Il était très ouvert à la nouveauté. Et quand ses banquiers lui disaient que personne n'avait tenté de faire ce qu'il allait réaliser, quand ils lui disaient que ça ne marcherait jamais, mon père répondait que si personne ne l'avait fait alors lui, il le ferait !"
Au début, là où se tient le parc, il n'y avait rien. Enfin si, un lac et un marais ! Eddy Meeùs a donc acheté cette terre gorgée d'eau à la végétation sauvage. Il a aussi acheté les terrains voisins et des maisons (parfois, il faisait du troc avec certains propriétaires). Pour égaliser tout cela, il s'est servi du sable excédentaire de la construction de la E411 d'à côté. Un sable acheté presque pour rien. "Mon père aurait dû le négocier gratuitement tellement il y en avait", se souvient encore Thierry. Eddy a donc imaginé un parc avec ce lac, écrin magnifique pour une attraction hors du commun, un téléski-nautique. "Il y avait aussi installé quelques manèges pour satisfaire toutes les familles", poursuit Thierry.
Thierry qui est d'ailleurs à l'origine du fameux kangourou : "Comme le parc se situe aux frontières des communes de Wavre, Limal et Bierges, mon père s'est dit que le nom Walibi serait parfait. En plus, il y avait la fusion des communes au même moment. Comme il nous fallait un emblème, une mascotte, j'ai proposé le Wallaby, ce kangourou de petite taille aux longues pattes. Pattes parfaites pour y mettre des ski-nautiques."
Un prix unique, une idée révolutionnaire
La première grande révolution du parc Walibi a été d'imposer un prix unique à ses visiteurs. Une entrée pour plusieurs attractions. "Les autres parcs du pays faisaient payer à l'attraction mais pas à Walibi", nous détaille encore Thierry. "Au début, ce n'était pas évident car nous devions expliquer aux visiteurs qu'ils devaient quand même payer même s'ils n'allaient pas sur toutes les attractions, tous les manèges."
Pour mener à bien cette nouvelle entreprise, Eddy Meeùs s'est vite entouré de ses proches, de ses 3 enfants, et de Dominique Fallon, le fils d'un ami. "Nous étions très complémentaires", explique Thierry Meeùs. "Et surtout, nous avions tous en tête le même but, le même objectif, celui d'amuser les gens. Au sein du parc, j'ai assuré un peu tous les postes. J'ai commencé au téléski-nautique puis j'ai aussi assuré les ventes."
Un parc dans le parc
Voir plus grand et proposer davantage, tel a toujours été le crédo du parc. Walibi n'a cessé d'innover avec les années. La preuve avec la construction de l'Aqualibi. Un parc dans le parc imaginé par Thierry : "Nous étions en 1985. Nous avions entendu parler de ces toboggans géants proposés dans des piscines aux dômes transparents. Nous en avons visitées quelques-unes et nous nous sommes dit que nous devions en construire une. L'Aqualibi a donc été inauguré en 1986. J'en étais le responsable. Ce fut une année très chargée. Ma fille Vinciane venait de naître et je vois encore ma femme venir avec le couffin."
Vers la fin des années 80, alors qu'en France l'idée d'un parc Disney fait de plus en plus parler d'elle, Eddy Meeùs veut agrandir Walibi et se développer en Europe. C'est là que le groupe entre en bourse, une étape décisive pour son évolution. "Nous avons donc acheté Bellewaerde et d'autres parcs notamment en France", raconte encore Thierry. En 1998, les Américains du groupe Premier Parks rachètent Walibi, avec une offre que personne ne pouvait refuser. "Oui c'est vrai", se souvient le fils d'Eddy Meeùs. "Nous voulions devenir un parc entièrement dédié à la bande dessinée belge mais les Américains ont tout rejeté."
Eddy Meeùs disparaît en novembre 2001 à 75 ans laissant derrière lui un parc toujours aussi récréatif. Un bonheur pour lui. D'ailleurs, le mot de la fin de cet article lui revient. Au début des années 90, nous l'avions rencontré pour une interview et notre journaliste lui avait demandé s'il avait une âme d'enfant pour imaginer tout cela. À cela, il avait répondu : "Je crois que c'est dans tout homme. Nous aimons tous nous amuser. Donc ce n'est pas très difficile de penser à ce qui peut plaire aux autres !"
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