Le Service d'Accrochage Scolaire du Brabant wallon ou "SAS BW" permet à des jeunes de 12 à 18 ans en décrochage de retrouver un chemin vers la scolarité. Un accompagnement alternatif qui porte ses fruits depuis près de 20 ans.
En poussant les portes du SAS BW, on se rend bien vite compte qu'on est loin des codes d'une école. Des jeunes déambulent dans un espace cuisine, d'autres sont assis dans un fauteuil, le tutoiement est de mise avec les éducateurs. Ils sont une dizaine ce matin-là à attendre le début d'une séance de boxe, dispensée par Xavier, coordinateur pédagogique. "La boxe, on pourrait croire à la caricature de la violence mais c'est pas du tout ça qu'on bosse. On bosse d'ailleurs avec peu de puissance. Ça va être de l'énergie, de la mise en mouvement, un cadre, de la rigueur." Car oui, c'est précisément ça que les encadrants essaient d’insuffler auprès des jeunes en perdition scolaire venus pousser les portes de l'institution.
Chemins cabossés, horizons retrouvés
Chacun ici a sa propre histoire, une relation différente avec le milieu scolaire. Leur point commun à tous : ils ont fini par décrocher. Nathan, 15 ans, avait perdu toute motivation à aller à l'école. Il percevait un déséquilibre entre le traitement des jeunes. Au SAS BW, il a le sentiment d'être l'égal de tous. Après trois mois passés entre les murs de l'établissement, son parcours s'achève bientôt, il compte entreprendre des études en alternance à l'IFAPME et rêve de conduire un camion dès qu'il aura obtenu son permis. Emma, 15 ans, était déscolarisée depuis un an. Arrivée deux semaines plus tôt, elle avait besoin de retrouver un peu de motivation. Enchantée par les activités proposées, elle s'estime plus libre qu'elle ne l'était dans une école, bien que le SAS donne un cadre à tous ces jeunes.
Pour bénéficier des services du SAS, il y a une règle d'or : le jeune doit se présenter volontairement. L'envie de raccrocher à la scolarité doit avant tout émaner du principal intéressé. En trois à six mois, les adolescents retrouvent dans la plupart des cas une scolarité, aidés encore par des membres du service d'aide qui les accompagnent dans leurs premiers pas à l'école. Pour certains, c'est finalement un enseignement alternatif qui s'avère la solution adéquate.
Laetitia, 20 ans, est passée par le SAS en 2022. Souffrant de phobie scolaire et craignant le contact avec les adultes, elle a retrouvé confiance en elle. "Plus même dans ma vie que dans la scolarité. Ça m'a permis de prendre confiance aux autres aussi parce qu'il y a l'effet de groupe qui est vraiment important", indique-t-elle. Baptiste, 19 ans, entame aujourd'hui une carrière dans l'armée au sein de la pharmacie militaire de Nivelles. Une filière qui exige de la discipline. Lui qui ne supportait pas le rapport à l'autorité, un problème que le SAS lui a permis de gommer. "Je pense que sans ça, ça aurait été plus compliqué. Beaucoup plus compliqué", estime le jeune homme.
Une structure discrète face à un phénomène qui enfle
Se voulant expressément discrets, les services d'accrochage scolaire ne font pas leur promotion. Pour l'ensemble du territoire du Brabant wallon, la capacité est limitée à une vingtaine de jeunes. La direction explique ne pas souhaiter être perçus comme une alternative à l'enseignement mais plutôt comme un dernier rempart avant un décrochage complet. Un phénomène alarmant puisque la Fédération Wallonie-Bruxelles estime à 8% l'augmentation du nombre de jeunes en décrochage au cours de l'année écoulée.
Les réformes, les crises... Quentin Derriks, directeur du SAS, sait que ces situations vont générer des décrochages. La récente réforme du tronc commun annonce une nouvelle vague de demandeurs au sein de son service. L'homme espère davantage de consultation de leur service par les institutions politiques du secteur de l'enseignement, en vue de prévenir le décrochage. "Les partenaires avec qui on travaille - les centres PMS, les écoles ou même la santé mentale - observent une perte de sens généralisée. Il y a quelque chose qui dysfonctionne dans le système", explique-t-il, avant de poursuivre : "C'est tout le paradoxe de notre métier. On est présents pour permettre à des jeunes de retourner dans un système qu'on sait qui a été maltraitant avec eux. C'est pas spécialement le système qu'on remet en question. C'est aussi des comportements et les situations familiales. Notre ambition, c'est qu'on doive fermer parce qu'à un moment, on n'a plus aucune raison d'exister."
Les jeunes ou proches intéressés peuvent se rendre sur le site du SAS Brabant wallon. Les conditions de prise en charge, les coordonnées et l'approche de l'institution y sont détaillées.
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