La grève s’est poursuivie chez GLS à Nivelles, pour un deuxième jour consécutif. Les grévistes sont des sous-traitants et leurs chauffeurs. GLS fait appel à ces entrepreneurs indépendants pour livrer ses colis. Mais ceux-ci sont à bout.
Situation critique
Edou Bongongo était l’un de ces entrepreneurs, jusqu’à la fin 2017. Il dénonce, comme les autres, une situation et un système intenables qui conduisent de nombreux sous-traitants à la faillite. "Pour deux tournées, je suis payé pour deux camionnettes. Mais je dois en mettre trois ou quatre. Mais je dois engager des chauffeurs, faire la déclaration, payer les cotisations sociales, les assurances. Tu ne sais pas payer cela. Dans mon cas, pour le mois d'octobre, je devais recevoir 12 000 euros pour deux tournées. Mais j'ai reçu 3000 euros ! Comment voulez-vous que je puisse payer les chauffeurs, les camionnettes de leasing, les charges ? Je ne sais même pas payer le carburant. J'ai été obligé d'arrêter de travailler avec eux. C'est une situation critique. Les entrepreneurs réclament, les chauffeurs aussi".
Un rythme infernal et des amendes
Des chauffeurs soumis à un rythme de travail infernal pour des salaires très peu élevés, mais qui restent solidaires de leurs employeurs. Pour eux, le responsable est GLS. "Franchement, c'est vraiment de la folie", lance Titchom Simplice, un chauffeur. "Je pars de chez moi à 5 heures du matin et j'y rentre à 20 ou 21 heures. J'ai une tournée qui fait près de 420 kilomètres par jour. Vous allez avoir une journée avec 200 ou 250 colis à livrer. Pour peu que vous reveniez avec 10 colis, c'est la guerre totale au dépôt ! A la fin de chaque mois, les patrons sous-traitant reviennent de chez GLS avec votre feuille de charge. Si vous n'avez pas livré un 'express' à cause d'un embouteillage, ou si vous arrivez en retard, c'est 150 euros d'amende. Alors que vous ne gagnez même pas 150 euros par jour". Un système d’amendes qui fait fondre les revenus des sous-traitants et donc de leurs chauffeurs, comme le montre les documents d’Edou Bongongo. Sans compter les frais que GLS rend obligatoires pour ses sous-traitants comme la location mensuelle des scanneurs ou encore l’achat des vêtements au logo de l’entreprise.
Reprise du travail ce mercredi
Ce mardi matin, les entrepreneurs sous-traitants ont pu rencontrer un manager de GLS, le dialogue a permis quelques avancées, mais le gros de la discussion aura lieu après le retour en vacances du directeur, le 20 août. Les chauffeurs reprendront le travail ce mercredi afin de montrer leur bonne volonté.
François Namur - Images : Patrick Lemmens