Ce jeudi 10 février, les enseignants de la Fédération Wallonie-Bruxelles se rallieront à un mouvement de grève en front syndical commun à Bruxelles. En cause : les règles en perpétuel mouvement à cause de la crise Covid, la fatigue qui s'accumule depuis plusieurs mois et l'incertitude concernant l'accord sectoriel, encore non négocié.
À quelques heures de cette grève, nous avons pris le pouls au sein de différents établissements scolaires en Brabant wallon. Les avis divergent.
"Je soutiens les professeurs, pas les syndicats"
Valérie Godefroi est directrice des écoles fondamentales de Saint-Martin et Saint-Joseph. Deux implantations qui comptent respectivement 68 et 137 élèves à Orp-Jauche. La première restera ouverte, tous les enseignants poursuivent les cours. L'autre, à l'inverse, fermera alors que l'ensemble du corps enseignant montera manifester dans la Capitale.
Les revendications, Valérie Godefroi les soutient. En revanche, la directrice ne s'estime pas soutenue par les syndicats. "On parle de surcharge administrative pour les professeurs. C'est faux. Ça pèse sur nos épaules à nous, les directeurs. On a initié un mouvement le 21 décembre mais on n'a reçu aucun soutien de la part des syndicats", fulmine-t-elle. Régulièrement en contact avec la ministre Caroline Désir, Valérie Godefroi a le sentiment de perdre son temps lors de leurs entrevues : "Elle entend mais je ne suis pas sûr qu'elle les (nos doléances, ndlr) écoute".
"Le timing est pourri"
Ce jeudi, le Collège Sainte-Gertrude restera ouvert. Une douzaine de professeurs prendront part à la manifestation à Bruxelles, soit environ 10% du corps enseignant. Pas suffisant pour fermer l'école. "Le timing est pourri avec le Covid et les nombreuses absences depuis la rentrée", se désole Caroline Lalière, directrice du collège. Cette dernière aurait préféré que la grève se tienne à un autre moment mais elle ne se range pas moins derrière les enseignants grévistes : "La surpopulation dans les classes, la réforme des rythmes scolaires, la vétusté des bâtiments... Tout ça, nous y faisons face".
Caroline Lalière dénonce les méthodes de la ministre : "On fait passer énormément de réformes alors que les regards sont détournés sur le Covid. On donne trois jours de congé pour soutenir les professeurs qui sont fatigués alors que j'ai des cours qui ne sont pas assurés depuis le début de l'année et pour ça on ne fait rien".
"La surcharge de travail est énorme"
Une directrice d'une école fondamentale qui a souhaité rester anonyme se confie : "La surcharge de travail actuelle est vraiment énorme. On nous demande de plus en plus de résultats, mais on nous accorde très peu de moyens. Je soutiens totalement mes enseignants qui décident de faire grève, je soutiens également ceux qui décident de ne pas faire grève."
Selon elle, les choix de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont peu cohérents. "Tout arrive en même temps : le plan pilotage, l'arrivée du numérique, les nouveaux horaires. Il faut ajouter à ça la période Covid qui a causé d'énormes retards dans les compétences des élèves. C'est assez dur de combiner tous ces changements avec les problèmes actuels. Beaucoup de professeurs peuvent ne pas se sentir soutenus et c'est compréhensible."
La directrice se dit très contente de voir de jeunes enseignants participer à cette grève. "C'est une belle initiative même si certains ne vivent pas dans ce monde professionnel depuis longtemps."
Lucas Dehoux & Florentin Franche
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