La rumeur circule à Beauvechain depuis quelques jours : un abattage très massif d’arbres serait prévu sur le territoire de la base aérienne.
Le commandant de la base tempère
Certains évoquent avec beaucoup d’inquiétude une superficie concernée de 60 hectares sur les 650 de la zone militaire, ce qui est stipulé dans un cahier des charges que certains ont pu consulter. Le Colonel Vanderbek, commandant de la base, s’explique et minimise les travaux prévus. "Le but n'est pas de raser de tout bois la base de Beauvechain. Ca reste pour moi un projet pour assainir et nettoyer des zones à l'abandon. Notre besoin est triple et il concerne d'abord la sécurité aérienne. Il y a des zones avec beaucoup de buissons qui poussent et que l'on veut absolument nettoyer. Ce sont des zones qui se trouvent tout près des pistes principales". A ces endroits, aux alentours des pistes et des taxiways, la Défense prévoit d’implanter des prairies de fauche à la place de ces zones de buissons et d’arbustes. Des herbes basses qui seraient, du coup, défavorables à l’installation de gibier, actuellement jugé dangereux en cas d’irruption sur les voiries opérationnelles.
Renouveler la clôture extérieure
Ailleurs dans la base, le Colonel évoque bien la coupe d’arbres. D’une part pour assurer la sécurité des militaires : deux véhicules ont été endommagé l’hiver dernier par des chutes d’arbres. D’autre part, pour sécuriser l’accès de la base. "On veut renouveler la clôture extérieure, ce qui est vraiment nécessaire, et il y a encore une zone dans laquelle on veut mettre un parking pour les véhicules carburant". Ces déboisements seraient compensés par la plantation de 15 hectares de nouveaux arbres.
Le bourgmestre est furieux
Le projet serait mené en concertation avec la DNF, mais la commune de Beauvechain, elle, vient tout juste d’en être informée, après que des articles soient parus dans la presse. De quoi faire enrager le bourgmestre Marc Deconinck : "Je ne suis pas du tout heureux. Je suis même profondément choqué, fâché. Je le dis clairement. Parce que nous avons toujours essayé de maintenir un climat de concertation avec les autorités militaires. Alors, apprendre ce genre de choses par la presse...pas très heureux". Au delà de la forme, le maïeur de Beauvechain évoque aussi ses craintes. "Outre le fait que pour l'environnement, c'est négatif, il y a l'aspect visuel et celui du bruit. Et nous avons une frousse bleue des ruissellements d'eau qui viendraient accroître les inondations sur Tourinnes, voire sur la route qui mènent chez eux à La Bruyère". Une réunion est prévue jeudi, à laquelle la commune est conviée.
Un sanctuaire pour des espèces menacées
Autre gros point d’interrogation, la zone M, où se situe l’ancien dépôt de munition de la période allemande, la Défense compte aussi y procéder à de l’entretien et des coupes. Mais l'endroit, qui accueille notamment un berger et ses moutons, est devenue un sanctuaire pour la faune et la flore. Natagora s’inquiète du projet, par la voix de son président pour le Brabant wallon, Julien Taymans : "La base se situe au sein de la Hesbaye brabançonne, dans une zone de grandes cultures. Avec ses zones boisées, elle constitue une zone refuge pour toute la faune locale. Le dépôt munition, ce sont 18 hectares d'extrêmement grand intérêt biologique, parce que l'on y retrouve des milieux en mosaïque, tant arbustifs qu'herbacés. Avec des espèces que l'on ne retrouve plus que là en Brabant wallon, comme la tourterelle des bois, par exemple. Cette zone se situe à plus de 700 mètres des pistes, tout à fait en dehors de l'axe. On ne comprend donc pas du tout pourquoi il faut intervenir là pour des questions de sécurité".
Ce dossier semble donc encore bien flou et sujet à polémique. Le commandant de la base espère pourtant pouvoir procéder aux travaux d’ici la fin de l’année.
François Namur - Images : Adrien Broze