C'est l'objet de toutes les discordes à Beauvechain : le projet de l'entreprise pharmaceutique Boiron visant à installer son siège dans le centre de la commune se heurte à une opposition ferme de la part des riverains. À tel point que la firme française a dû revoir sa copie à deux reprises. Le projet en est donc aujourd'hui à sa troisième version, réduite au tiers de la proposition originelle.
Une précieuse biodiversité
Suite à la présentation de la deuxième version du projet, Natagora Brabant wallon a déposé un dossier auprès du SPW, alerté par le collectif de citoyens. Ceux-ci souhaitaient attirer l'attention sur les qualités biologiques du site de la Néthen, qui abrite de nombreux oiseaux, insectes et papillons. Aujourd'hui, la Région a rendu son avis : une zone de 12 hectares comprenant le terrain de Boiron vient d'être reconnue comme "site de grand intérêt biologique". Selon les indications du SPW, il s'agit de zones qui "abritent des populations d'espèces et des biotopes rares ou menacés ou se caractérisent par une grande diversité biologique ou un excellent état de conservation".
La précieuse biodiversité du site est donc officiellement reconnue mais la bataille contre le projet Boiron n'est pas gagnée pour autant par les riverains. Selon Sophie Dallemagne, représentante du collectif citoyen, la décision est entre les mains des autorités locales : "Beauvechain est une commune Maya (Le Plan Maya vise à sauvegarder les population d'abeilles et de pollenisateurs en Wallonie, NDLR) qui se dit attentive aux questions de biodiversité, c'est même inscrit dans le Plan de Développement Communal. Alors, imaginez un peu le tollé si on décide de construire sur un site reconnu". Le collectif espère un autre avenir pour le site, "on aimerait que ce terrain devienne un terrain didactique, pour les écoles, pour observer les espèces qui y vivent".
La décision rendue par le SPW ajoute une pression supplémentaire sur la Commune, qui a soutenu jusqu'alors le projet Boiron, notamment en raison du potentiel pour l'emploi et l'économie locale. Une pression sans la moindre valeur juridique toutefois, puisque la reconnaissance wallonne n'impose aucune contrainte à la société pharmaceutique.
Florentin Franche - Reportage : Delphine Gheysen - Images : Samuel Francis