Ce mercredi, précisément à 11h30, comme dans les autres arrondissements judiciaires de Bruxelles et de Wallonie, les magistrats de l’arrondissement judiciaire de Nivelles ont suspendu les audiences le temps d’une heure, le temps d’un mouvement de grogne, le temps d’un mouvement de quasi désespoir. Le désespoir de ne pas être entendu, celui de ne pas être pris en considération, celui de ne plus pouvoir rendre la justice avec les pauvres moyens que les pouvoirs publics consacrent au monde judiciaire depuis de longues années déjà.
"La situation est telle que nous n’avons plus les moyens d’assurer la fonction de service public qui nous est confiée par la loi. En principe, nous devrions être 27 magistrats au et au niveau du tribunal de première instance du Brabant Wallon. Depuis plus d’un an, nous oscillons entre 18 et 20 magistrats, c’est à dire une moyenne de 70 pourcents du cadre", témoigne Sophie Sterck, présidente du tribunal de première instance du Brabant Wallon.
Une situation catastrophique
"Cadre insuffisant, palais de justice délabré, installations informatiques judiciaires dépassées avant même d’avoir fonctionné,... Je peux vous assurer que la situation est catastrophique", nous explique Serge Wynsdau, président du tribunal du travail du Brabant Wallon.
"C’est juste nous permettre de faire appliquer la loi, c’est tout ce que l‘on demande, on voudrait juste pouvoir faire notre travail et rendre la justice normalement", ajoute Eric janssens, substitut du procureur du Roi au parquet de Nivelles.
Les conséquences de ces dysfonctionnements retombent évidement sur les citoyens en attente d’un jugement. "Il faut parfois des mois avant de voir reconnaître son droit, on l’a parfois sur papier mais on n’a pas le jugement et, ce jugement, on l’attend longtemps, longtemps, longtemps", déplore Roxane D’Aoust, bâtonnière du Barreau du Brabant Wallon.
La suspension des audiences a duré une heure, un court mouvement de grand mécontentement pour ne pas aggraver les incidences sur des citoyens déjà trop impactés par la situation. De nombreux avocats du barreau de Nivelles ont rejoint leurs confrères magistrats par solidarité.
Nathalie Wacquez - Images : Philippe Michaux