La nouvelle est tombée comme un couperet ce matin : Alain Maron, ministre bruxellois en charge de l'Environnement et du Climat, a annoncé sur le plateau de LN24 que la Région wallonne envisage l'achat de terres agricoles en Brabant wallon et en Brabant flamand "dans les mois et les années à venir". Objectif : préserver la biodiversité et favoriser les circuits courts afin de nourrir une partie de la population bruxelloise.
L'annonce a rapidement suscité de vives réactions, tant dans les sphères agricoles, que politiques. "La Région bruxelloise débarque comme un cheveu dans la soupe dans notre action agricole de long terme, structurée et concertée", a déclaré sur Twitter le ministre de l'Agriculture de la Région wallonne, Willy Borsus. "Les terres agricoles sont déjà extrêmement couteuses et l’accès à la terre est très compliqué en Wallonie. Qu’une Région vienne annoncer avoir une politique d’achat agricole va augmenter cette pression au détriment des éleveurs, des cultivateurs et des maraichers", a-t-il encore ajouté sur Facebook.
"Une maladresse politique"
Du côté des agriculteurs, justement, l'annonce est mal perçue. La FUGEA (Fédération Unie de Groupements d’Éleveurs et d'Agriculteurs) pointe l'illogisme de la manœuvre et espère "une maladresse politique". Le syndicat agricole assure que "la Région ne pourra en aucun cas dicter les orientations stratégiques des exploitations", avant de poursuivre : "Nourrir la capitale avec une nourriture produite localement et dans le respect de l’environnement est un défi de taille. Mais Alain Maron semble oublier que des agriculteurs travaillant dans le respect de la biodiversité et des filières sont déjà en place aujourd’hui et pourraient, avec une volonté conjointe des deux régions, alimenter la population bruxelloise".
La FUGEA déplore également l'absence totale de concertation de la Région bruxelloise avec le secteur agricole au sujet de cette annonce. "La FUGEA défend la mise en place de filières territorialisées et locales comme accélérateur de la transition de notre agriculture. Créer une ceinture alimentaire autour de Bruxelles a donc du sens, mais uniquement à travers une collaboration étroite avec les agriculteurs wallons et flamands, et certainement pas par le biais d’achats de terres agricoles. Il nous semble en effet plus judicieux d’investir dans cette direction plutôt que de dépenser de l’argent public dans l’achat de nouvelles terres."
Le ministre wallon de l'Agriculture, comme la FUGEA, se disent toutefois prêts à discuter avec Alain Maron. Le plan défendu ce lundi matin sur le plateau de LN24 par le ministre bruxellois suscite de vives critiques, mais on retiendra surtout que c'est l'absence de concertation avec les principaux intéressés qui fait grincer des dents.
F.F.